Dans le cadre de la grande enquête “L’expert-comptable digital en 2024”, nous avons eu la chance d’échanger avec Arthur Waller, co-fondateur et CEO de Pennylane, sur les perspectives du métier d’expert-comptable. Dans cet entretien exclusif, vous découvrirez la vision d’un éditeur désormais incontournable de la profession.
Évolution du métier et des missions, transition digitale, facture électronique… Plongez avec nous au cœur de la révolution numérique et explorons ensemble ses impacts sur l’évolution de la profession. 👇🏻
Salut Arthur, tout d'abord merci d'avoir accepté de nous consacrer un peu de temps pour notre enquête ! Pour bien commencer, peux-tu te présenter et nous pitcher rapidement Pennylane ?
Je suis Arthur, un des cofondateurs et CEO de Pennylane. Avant ça, j’ai fondé une autre boîte SaaS pour les hôtels. Cela fait maintenant, 4 ans que je travaille auprès des experts-comptables.
Pennylane c’est un outil tout-en-un, de production comptable pour le cabinet, et de gestion financière pour le client du cabinet. Chacun a sa propre interface et le travail de l’un se reflète instantanément chez l’autre. La solution permet ainsi d’avoir une unique source de vérité financière et comptable.
Outre le cœur de l’outil qui est en lui-même une innovation, quelles sont les autres innovations de la solution ?
Il y a déjà la connectivité : on se connecte au logiciel de paye, aux banques, à tous les acteurs financiers, aux solutions de gestion des achats, aux solutions de gestion des ventes.
Ensuite, on a également mis en place le paiement directement dans l’outil de gestion et ça, c'est vraiment révolutionnaire ! L’entreprise peut désormais payer depuis Pennylane alors qu’avant elle devait aller faire depuis un extranet bancaire. Cela vient donc automatiser énormément de travail pour l’expert-comptable.
Enfin, la troisième innovation, c’est la partie ECR qu’on est venu nativement intégrer depuis le début dans Pennylane, et désormais la facture électronique. Notre expertise, c'est de mettre d’accord un outil de gestion avec un outil de production comptable. En venant ajouter la brique PDP par-dessus, on vient proposer une solution complètement intégrée et on assure au cabinet que tout le monde est toujours d’accord entre l’outil de gestion, l’outil de production et la BDP.
Parlons maintenant de la profession comptable et de son évolution. Quel est ton point de vue sur l’évolution du métier depuis les 15 dernières années ? Qu’est-ce que tu as pu constater par ton expérience ?
On pense souvent que la profession est en retard, mais les experts-comptables sont quand même assez avancés dans l’automatisation. En fait, ils ont trouvé des solutions de contournement quant au fait qu’ils n’avaient pas les bons outils, ils ont mis en place beaucoup d’automatisations, on va dire un peu bricolées, artisanales.
Le problème du coup, c’est que ça a créé des habitudes et c’est très dur de les faire en changer parce que ces solutions bricolées artisanales ne sont, au final, pas si mauvaises que ça. Par contre, je suis convaincu que la facture électronique et l’arrivée de l’IA sont deux gros changements qui vont changer la donne.
Dans ce que tu peux voir au quotidien, quelles sont les principales problématiques remontées par les cabinets dans leur métier ?
J’ai l’impression que si tu vas voir un cabinet et que tu lui demandes “C’est quoi ton plus gros problème ?”, il va répondre “le recrutement”. Pour moi, c’est ça le numéro 1.
Ensuite, de ce que je vois là, une grosse accélération des cabinets qui se demandent comment ils vont repenser leur stack d’outils. Comment ils vont, d’une part, former leurs collaborateurs à faire de nouvelles missions, à travailler autrement ? Et d’autre part, comment ils vont vendre de nouvelles missions, ou en tout cas proposer de nouvelles missions à leurs clients ?
Donc moi, si j’étais un dirigeant d’un cabinet d’expertise comptable, les deux questions que je serais en train de me poser aujourd’hui son :
- Comment je transforme mon business model ?
- Comment je l’accompagne et je forme mes équipes pour suivre la transformation de ce business model ?
Pour moi, ils vont être obligés de proposer des nouvelles missions, plus de reporting, plus de conseils, s’ils veulent maintenir leurs honoraires.
En fait, je pense qu’ils ont un autre problème qu’ils ont tendance à sous-estimer, qui est celui d’embarquer leurs clients. Pour moi, s’ils n’arrivent pas à embarquer leurs clients aujourd’hui avec la facture électronique, ils vont se faire piquer leur business.
Alors comment embarquer les clients ? Vis-à-vis de la digitalisation et de la facture électronique ?
À mon sens, si ce n’est pas eux qui équipent leurs clients en outils (que ce soit Welyb pour la GED, que ce soit Pennylane pour l’outil de gestion, etc), si ce n’est pas l’expert-comptable qui réussit à convaincre son client d’utiliser “son outil”, alors le client, il va en utiliser un autre et l’expert-comptable passera sa vie à courir derrière les données de son client.
Avec la facture électronique sera en fait plus pénible qu’autre chose, car il ne pourra jamais lui vendre des missions de conseil s’il n’a pas accès à ses données.
Penses-tu que certains cabinets ont plus de facilité que d’autres à se digitaliser ? Pourquoi ?
Pour moi, le critère numéro un qui fait le succès d’un projet de digitalisation d’un cabinet, c’est d’avoir une personne ou plusieurs personnes attitrées au sein du cabinet pour se charger de ça. Je pense que l’erreur que font pas mal de cabinets, c’est de donner ça comme une sorte de side project à des gens qui ont déjà la tête dans le guidon de la production et qui, du coup, ne peuvent pas faire leur métier.
La gestion de projets est un métier en soi. Ce que je vois, c’est que quand on migre des gros cabinets, ça se passe trop bien parce que justement, on a des équipes de gestion de projets super pro en face. Par contre, pour les plus petits cabinets, c’est souvent plus compliqué puisqu’ils n’en ont pas et qu’ils ne peuvent pas se permettre d’en avoir.
Quelles sont les priorités en termes de digitalisation des cabinets aujourd’hui ? Quels sont les outils indispensables à un cabinet aujourd’hui ?
Je vais être forcément biaisé, mais je dirais en numéro un, avoir un outil de production. Un outil de gestion intégré donc production pour le cabinet et gestion pour tes clients. Cela répond déjà aux différents problèmes que j’ai cités avant et notamment celui d’embarquer les clients. En choisissant un tel outil, le cabinet bénéficie d’un gain de temps et de productivité immédiat du fait que tes clients sont embarqués.
Je rajouterai un point qui est, avoir dans l’outil de gestion que tu mets à tes clients, un compte pro, parce que je pense, encore une fois, que demain, ce sera une des grosses sources de revenus du cabinet.
Après, je pense qu’il faut avoir un extranet, un peu ce que Welyb fait : un “extranet cabinet” à fournir aux clients. Avec une notion de catalogue de missions et de CRM pour savoir à quel client pousser quelle mission. Ça va être un enjeu clé parce que je pense qu’à l’avenir, ce qui va faire la différence entre les cabinets, c’est d’une part le service qu’ils sont capables de donner et à quel point ce service peut-être 360.
Pour moi, c’est ça les priorités en termes d’outils pour le cabinet.
Quelles sont les nouvelles problématiques qui découlent de la transformation digitale de la profession ?
Désormais, du fait que les clients se digitalisent, les cabinets font face à une multiplication des sources de données à importer, mais également à une multiplication du nombre d’outils différents que leurs clients utilisent.
Outre les outils des clients, il y a aussi une multiplication des outils du cabinet. Ce dernier doit alors former en permanence et maintenir la connaissance de ses collaborateurs sur plein d’outils à la fois. Il y a donc un gros enjeu aussi à essayer de réduire son nombre d’outils, essayer de re-bouger peut-être plus vers du tout-en-un, si possible, à la fois pour tes clients et pour tes collaborateurs.
Penses-tu que, globalement, les cabinets sont prêts à l’arrivée de la Facture Électronique ? Comment se préparent-ils ?
Ceux qui utilisent Pennylane oui, les autres non. Plus sérieusement, je suis surpris qu’il n’y ait pas plus de factures dans la nature qui ne soient déjà facture X parce que passer de facture normale à facture X, ça ne demande pas beaucoup de boulot. C’est vraiment quelques jours, quelques semaines de développement pour un éditeur. Ce qu’on voit de notre côté aujourd’hui, c’est que les factures X représentent seulement 20% de toutes les factures que l’on reçoit.
Il y a pas mal d’éditeurs qui parlent de facture électronique alors qu’ils ne font même pas l’effort d’émettre eux-mêmes des factures X pour leurs factures de vente. Je trouve ça assez fou.
Par conséquence, ça n'accélère pas le changement et la préparation des cabinets. À mon sens, on n’a pas besoin d’attendre la réforme pour que les factures soient déjà facturées X et qu’elles soient lues automatiquement. Dans les faits, si les factures X que l’on reçoit aujourd’hui ne représentaient pas 2% mais 40%, les cabinets seraient déjà en train d’anticiper la réforme et de changer leur mode d’organisation parce qu’il n’y aurait déjà plus de saisie et plus de vérification de l’OCA.
En fait, on n’y est pas parce que les éditeurs ne jouent pas le jeu.
Et toi en tant qu’entrepreneur, comment vois-tu les choses ? Comment ton entreprise se prépare-t-elle ? Qu’attends-tu de ton expert-comptable ?
Nous, on utilise Pennylane pour établir nos factures de vente, pour effectuer notre comptabilité, etc. Donc concrètement, nous sommes prêts. D’ailleurs, nous utilisons déjà notre mini-annuaire. En d'autres termes, lorsque nous émettons une facture de vente d'une société sur Pennylane à une autre société également sur Pennylane, nous avons déjà notre annuaire dans ce cas particulier. Nous savons que nous devons envoyer la facture à la PDP Pennylane, donc pour toutes nos factures de vente émises, elles sont instantanément disponibles dans les factures d'achat de nos clients et déjà entièrement saisies.
Cela s'applique aussi lorsque notre client Pennylane facture un autre client qui est aussi sur Pennylane. Cela concerne quand même 5% de nos factures. Donc, pour 5% des factures entre utilisateurs Pennylane, la facture de vente est instantanément disponible et déjà saisie dans les factures d'achat de l'autre.
C'est particulièrement pratique, notamment lorsqu'il s'agit d'intragroupe ou de groupes de sociétés. Plus besoin d'import/export, tout se fait automatiquement. En résumé, nous sommes prêts. Nous sommes certifiés ISO27001, connectés à PayPal, émettons des factures X, recevons des factures X UBLC 21, et tout ce que nous attendons, c'est l'annuaire.
Merci une nouvelle fois à Arthur Waller pour cette interview. Pour en savoir plus sur Pennylane : https://www.pennylane.com/fr/